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samedi 6 avril 2019


"La brise du lac lisse les poutrelles de la fabrique. Une poussière grasse colle aux spots, la nuit est d’été.
Un garçon mince, délié, défie le vide à vingt mètres du sol, vérifie pieds nus la sangle souple tendue dans les aires, va d’un point d’ancrage  l’autre, boîtier de commande d’éclairage à la ceinture, traits fins sous sa chevelure blonde. Assis par petits groupes sur des blocs de ferraille et des chaises  défoncées tirées d’une cabane de contremaître, des jeunes s’interpellent en buvant des bières, têtes levées dans l’attente de la performance de Zâl."

     2014, Kreuzlingen, canton de Thurgovie, Suisse. Zâl, un jeune slackeur de 20 ans prend dans son camion aménagé, un vieil homme, Andras qu’il reconduit chez lui à Salzbourg en Autriche. Le numéro de Zâl repose sur son adresse mais aussi sur les oiseaux qui l’accompagnent dans son tour. Il parle aux oiseaux et se rêve serviteur de Simorgh le roi des oiseaux dans le récit initiatique du poète soufi Farîd Ud-Dîn’ Attar. Une jeune fille groupie qui fuit un beau-père incestueux, le suit dans ses déplacements, Téa.
L’homme lui fait éviter les frontières, la police et les villes importantes. Les deux hommes parlent de la vie. Andras apparaît un peu comme un intrus dans la vie de Zâl qui se demande pourquoi il lui parle de son passé, à lui qui ne rêve que de solitude.
« Lorsque j’accèderai au monde où brillent des milliers de soleils rouges et de lunes d’or, au côté du Roi couronné de trente oiseaux il n’y aura ni femme ni enfant. »
Mais Andras veut lui parler :
« Comment lui apprendre que la mémoire est un garde-fou, que vu son âge avancé il en est le dépositaire, et aussi que les jeunes âmes ne se forgent pas dans la fuite en avant même si l’ailleurs dont elles rêvent est poétique et mystique ? »
     Andras, 70 ans,  atteint d’une maladie orpheline proche de la sclérose en plaque, est le fils d’un facteur d’orgue Attila, déchu de son travail par la police secrète hongroise. Il a vécu la nuit des Barbelés en 1989 : Tina sa compagne enceinte a passé la frontière mais lui a préféré rester encore un peu en Hongrie. Ils devaient se rejoindre.
     Zâl est un orphelin qui a grandi dans un orphelinat de Lausanne et qui passait ses nuits en boule dans un chêne centenaire en compagnie des oiseaux. Il est le fils de Tina et d’un musicien drogué dont Andras s’est occupé à distance pendant de longues années.
    Dans un huis-clos forcé après une chute de Téa, ils déroulent leur vie. Seul l’ami d’Andras, médecin juif vient se mêler à leurs confidences. Puis ils décident de partir pour Budapest la ville natale d’Andras, assister à un festival en plein-air. Andras, privé d’orgue dans sa jeunesse et contraint de fréquenter l’hôpital psychiatrique, s’était rapproché d’un rockeur Jeno. Zâl apprend alors que dans ce groupe de contre-culture soviétique, une jeune fille Tina récitait Les Chants de Maldoror. Il comprend ce qui les relie et réagit violemment. Andras les quitte.
     Durant le festival, une Tzigane Sara flanquée de son enfant Mato, aide Zâl à échapper à la police et Andras est présent aussi. Sara les conduit dans une association d’aide pour les migrants. Andras et Sara s’unissent lors du concert. Andras retrouve un ami de l’hopital psychiatrique Toll et lui raconte la fin tragique de Tina morte dans un accident de montagne.
    Andras va repartir plein d’énergie : Sara l’a convaincu de reprendre son activité de facteur d’orgue. Zâl et Téa continuent leur périple de festival en festival.

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