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lundi 15 avril 2019




« Un vent automnal s’engouffrait dans les rues étroites de Plaka et des bourrasques enveloppaient la femme, engourdissant son corps et son esprit sans réussir à apaiser son chagrin. Comme elle peinait à parcourir les derniers mètres qui la séparaient de l’appontement, elle s’appuya de tout son poids sur son pères. Sa démarche évoquait celle d’une petite vieille transpercée par la douleur à chaque pas. Une douleur qui n’était pas physique, cependant. Son corps était aussi robuste que celui de n’importe quelle jeune femme ayant respiré toute sa vie le pur air crétois, sa peau aussi lisse et ses yeux d’un marron aussi profond que ceux de toutes les habitantes de l’île. »

     Une jeune Anglaise, Alexis Fielding en pleine réflexion sur son couple avec Ed, part en Crête sur les traces de sa famille. Sa mère Sophia n’a jamais parlé de ses parents et n’a qu’une seule photo, celle de sa tante Maria et de son oncle Nikolaos le jour de leur mariage.
    Alexis est accueillie chez l’amie d’enfance de Maria, Fotini qui a épousé l’aubergiste Stéfanos. Cette dernière a reçu pour mission de la part de Sophia de raconter toute la saga familiale à Alexis.
Face au village se dresse l’île Spinalonga où étaient envoyés les lépreux. Alexis apprend que son arrière-grand-mère, l’institutrice Eleni y est morte.
     Le grand-père Giorgis reste seul avec ses deux filles, Maria et Anna. Cette dernière a un caractère épouvantable et ne rêve que de quitter son milieu social. Elle réussit à se faire épouser par Andréas Vandoulakis, fils d’un riche propriétaire terrien mais très vite elle tombe amoureuse du cousin de ce dernier, Manolis un garçon instable et dépensier. Elle décide de le présenter à Maria sa sœur et regrette très vite car celui-ci demande sa sœur en mariage.
La veille du mariage, Maria se découvre des taches sur le pied : elle a la lèpre et doit partir. La famille Vandoulakis apprend alors la terrible vérité et rompt les relations avec Giorgis. Anna reste cependant dans la famille car elle attend un enfant que beaucoup pense de Manolis.
     Maria part donc sur Spinalonga et s’installe. Là elle rencontre un jeune docteur, Kyritsis qui mène des recherches sur le traitement de la lèpre. Elle fait partie des patients qui essaient les traitements. Ils tombent amoureux. L’antibiotique finit par être trouvé et les malades peuvent revenir en Crête.
Le mariage de Maria va pouvoir être célébré mais Andreas qui a découvert l’infidélité de sa femme la tue dans sa voiture alors qu’ils se rendaient à la fête de retour des malades. Maria renonce alors à épouser le médecin pour ne pas laisser son père seul dans son désespoir.
     Le temps passe, la petite fille orpheline vit chez ses grands-parents mais rend aussi visite à Giorgis son grand-père car les familles se sont réconciliées pour elle. Le docteur Kyritsis se fait muter pour épouser Maria qui accepte finalement : à la mort des Vandoulakis, la garde de Sophia est confiée à Maria.
     Devenue adolescente, Sophia devient aussi désagréable que sa mère Anna et part faire ses études à l’étranger. A la veille de son départ, ses parents lui révèlent sa véritable histoire : elle rompt quasiment les liens.
    Alexis retrouve sa mère qui revient pour lui raconter la fin de l’histoire et pour lui confier à quel point elle regrette d’avoir été si mauvaise avec sa tante Maria. Elle resserre les liens avec Fotini qui la rassure et la console. Alexis décide de quitter son compagnon car elle comprend ce qu’est la puissance de l’amour et ce n’est pas ce qui l’unissait à Ed. Mère et fille prennent le ferry ensemble pour revenir chez elles.

dimanche 7 avril 2019


« Accélération du cœur. Rester à cent à l’heure. Toujours, un seul objectif en cours, plus important que la maîtrise du parcours, éviter de percuter les autres vélos, ce qu’il faut, c’est comprendre que sur la piste, y a pas d’équipe qui tienne, tu gagnes ou tu perds, à toi de savoir ce que tu vas faire. Tu choisis : c’est leur peau. Ou la tienne. »


    
    Holloway Jones est née en prison. Elle participe à des courses de BMX sur du matériel de piètre qualité. Les autres concurrentes se moquent d’elle et de sa mère prisonnière. Elle passe de famille d’accueil en famille d’accueil. Une de ces tutrices lui a donné son premier vélo, un vieux vélo qu’elle a gardé en souvenir de cette famille. Depuis elle gagne des championnats. Son caractère rebelle ne facilite pas les choses. Elle a une amie Gem.
    Holloway a rencontré son coach alors qu’elle sautait sur les voitures avec son vélo accompagnée d’un garçon Avery. Le garçon se prend d’amitié pour cette fille agressive et la fait entrer de nuit dans un stade en construction pour les jeux olympiques 2012. Là il lui offre des chaussures de sport et un iPhone : le garçon se livre à des larcins depuis toujours. Elle recèle pour lui qui lui donne des vêtements à la mode.
    Face à une agression dans le bus, elle filme sans intervenir. Elle fait le parallèle entre la vie et la course.
« Si quelqu’un tombe devant toi, tu tombes aussi. Ça suffit, non ?
On ne peut pas rester sans rien faire, pédaler tranquille en arrière. »

    Avery l’entraine dans un mauvais coup : elle est arrêtée par la police et passe une nuit au poste, alors qu’un sélectionneur venait pour éventuellement la recruter. Son coach lui adresse des reproches.
Holloway rend régulièrement visite à sa mère et lui apporte dans un mouchoir un comprimé caché. Elle décide un jour de lui faire payer ce service.
    Avery pense que Gem a renseigné les policiers et est responsable de l’arrestation de Holloway : il cambriole avec sa bande le magasin de la mère de Gem et poignarde son cousin Tye. Gem prévient Holloway de la mauvaise influence de ce garçon et s’éloigne du groupe.
    Lors d’un braquage, Holloway prend la fuite mais tombe de son vélo et est arrêtée. Elle finit par dénoncer Avery. La bande pend son vélo et lui promet la même chose à l’avenir. Sa vie devient un enfer. Plus de vélo, plus de Gem.
    Elle retrouve un papier sur lequel les deux amies avaient imaginé pour le cours de français leur vie future : Gem fait des études de vétérinaire comme prévu… elle reçoit son ancienne amie froidement.     A la fin des JO 2012, le vélo est descendu par les équipes de nettoyage et Holloway remonte dessus : le coach est satisfait de son retour. Sa mère, sortie de prison et sevrée de la drogue, vient assister à sa course pour les JO 2016 à Rio de Janeiro.
« Holloway, encore perchée sur son vélo, tient un papier devant les yeux.
Je m’appelle Holloway Jones et quand je serai grande… je serai… quelqu’un. »

samedi 6 avril 2019


"La brise du lac lisse les poutrelles de la fabrique. Une poussière grasse colle aux spots, la nuit est d’été.
Un garçon mince, délié, défie le vide à vingt mètres du sol, vérifie pieds nus la sangle souple tendue dans les aires, va d’un point d’ancrage  l’autre, boîtier de commande d’éclairage à la ceinture, traits fins sous sa chevelure blonde. Assis par petits groupes sur des blocs de ferraille et des chaises  défoncées tirées d’une cabane de contremaître, des jeunes s’interpellent en buvant des bières, têtes levées dans l’attente de la performance de Zâl."

     2014, Kreuzlingen, canton de Thurgovie, Suisse. Zâl, un jeune slackeur de 20 ans prend dans son camion aménagé, un vieil homme, Andras qu’il reconduit chez lui à Salzbourg en Autriche. Le numéro de Zâl repose sur son adresse mais aussi sur les oiseaux qui l’accompagnent dans son tour. Il parle aux oiseaux et se rêve serviteur de Simorgh le roi des oiseaux dans le récit initiatique du poète soufi Farîd Ud-Dîn’ Attar. Une jeune fille groupie qui fuit un beau-père incestueux, le suit dans ses déplacements, Téa.
L’homme lui fait éviter les frontières, la police et les villes importantes. Les deux hommes parlent de la vie. Andras apparaît un peu comme un intrus dans la vie de Zâl qui se demande pourquoi il lui parle de son passé, à lui qui ne rêve que de solitude.
« Lorsque j’accèderai au monde où brillent des milliers de soleils rouges et de lunes d’or, au côté du Roi couronné de trente oiseaux il n’y aura ni femme ni enfant. »
Mais Andras veut lui parler :
« Comment lui apprendre que la mémoire est un garde-fou, que vu son âge avancé il en est le dépositaire, et aussi que les jeunes âmes ne se forgent pas dans la fuite en avant même si l’ailleurs dont elles rêvent est poétique et mystique ? »
     Andras, 70 ans,  atteint d’une maladie orpheline proche de la sclérose en plaque, est le fils d’un facteur d’orgue Attila, déchu de son travail par la police secrète hongroise. Il a vécu la nuit des Barbelés en 1989 : Tina sa compagne enceinte a passé la frontière mais lui a préféré rester encore un peu en Hongrie. Ils devaient se rejoindre.
     Zâl est un orphelin qui a grandi dans un orphelinat de Lausanne et qui passait ses nuits en boule dans un chêne centenaire en compagnie des oiseaux. Il est le fils de Tina et d’un musicien drogué dont Andras s’est occupé à distance pendant de longues années.
    Dans un huis-clos forcé après une chute de Téa, ils déroulent leur vie. Seul l’ami d’Andras, médecin juif vient se mêler à leurs confidences. Puis ils décident de partir pour Budapest la ville natale d’Andras, assister à un festival en plein-air. Andras, privé d’orgue dans sa jeunesse et contraint de fréquenter l’hôpital psychiatrique, s’était rapproché d’un rockeur Jeno. Zâl apprend alors que dans ce groupe de contre-culture soviétique, une jeune fille Tina récitait Les Chants de Maldoror. Il comprend ce qui les relie et réagit violemment. Andras les quitte.
     Durant le festival, une Tzigane Sara flanquée de son enfant Mato, aide Zâl à échapper à la police et Andras est présent aussi. Sara les conduit dans une association d’aide pour les migrants. Andras et Sara s’unissent lors du concert. Andras retrouve un ami de l’hopital psychiatrique Toll et lui raconte la fin tragique de Tina morte dans un accident de montagne.
    Andras va repartir plein d’énergie : Sara l’a convaincu de reprendre son activité de facteur d’orgue. Zâl et Téa continuent leur périple de festival en festival.